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Exploration thématique : les « Nouvelles mobilités » à l’ère des plateformes numériques

Le 30 janvier 2020 ponctuait la fin de la deuxième exploration thématique lancée par la Fab Innovation d’ITNOVEM en septembre 2019. Cette exploration menée en partenariat avec 574 Invest avait pour thème les « Nouvelles mobilités ».

Publié le

Par La Redaction

nouvelles mobilités

L’invention de nouveaux modes de transport est l’un des éléments les plus caractéristiques des révolutions industrielles : train, voiture, avion, mobilité partagée, container pour le réseau du transport des marchandises… Néanmoins, les actualités du secteur se font aujourd’hui davantage l’écho des nouvelles offres de service, plutôt que d’innovation réelle des modes de transport. « Les acteurs vont puiser dans les offres de mobilité mais aussi dans les services numériques » rappelle Romain Lalanne, Directeur Innovation de e.SNCF lors de l’événement de restitution.

Le marché des nouvelles mobilités

Dans les villes comme dans les zones moins denses, les nouveaux acteurs – notamment les startups et les géants du web – tâtent le terrain des nouvelles mobilités depuis quelques années. Selon Imane Benmira, Startup Manager à la Fab Innovation de e.SNCF, « ces acteurs proposent généralement des plateformes de MaaS (Mobility as a Service, NDLR), qui offrent des services de transport alternatif, comme les trottinettes électriques, vélos en libre-service, ou encore le covoiturage, plus adapté aux trajets de longue distance ». Dotées de technologies de pointe leur permettant d’agréger des volumes importants de données de sources variées, ces entreprises acquièrent des connaissances intéressantes en matière de mobilité : elles sont capables de mieux comprendre les flux des déplacements, davantage contextualisés. Elles sont plus à même de cibler l’amélioration des performances des différents transports. Certaines cherchent désormais à se positionner comme partenaires des villes, en mettant à disposition des outils et données issues des plateformes des nouvelles mobilités : c’est le cas d’Uber Movement, Remix ou Vianova.io (la Fab Innovation recense ici les startups du secteur). Mais les marchés sont loin d’être une manne économique. Dans le secteur de la micro mobilité, notamment des trottinettes par exemple, le modèle économique des startups spécialistes est jugé parfois peu fiable. Pressée d’être rentable, la startup Lime a décidé de cesser d’opérer dans douze villes (principalement aux Etats-Unis et en Amérique du Sud) à partir de janvier 2020. Dans ce contexte, comment mettre en œuvre les nouvelles mobilités ? Quel sera le rôle de SNCF dans cet écosystème ? Comment intégrer ces nouveaux services aux plateformes existantes – numériques ou physiques, telles que l’application SNCF ou les hubs de mobilité –, afin de garantir un déplacement intermodal, fluide, et sans couture ? Pour SNCF, quelles sont les modalités et stratégies d’accès à l’innovation ? L’exploration « Nouvelles mobilités » a permis d’apporter ces réponses.

Les plateformes au cœur des mobilités

Caroline Beauregard, Program Manager à la Fab Innovation de e.SNCF et organisatrice de l’événement, a souhaité faire une mise au point sur les « plateformes », une notion au cœur des ateliers qui ont eu lieu durant l’Exploration.

À l’ère numérique, les plateformes sont avant tout les « marketplaces » virtuelles qui mettent en relation offres et demandes. Dans le domaine des mobilités, ces dernières sont caractérisées par un besoin accentué de personnalisation de service, ainsi qu’une volonté de minimiser l’impact environnemental des déplacements. La micro mobilité et le covoiturage incarnent ainsi les problématiques du dernier kilomètre et de l’économie du partage. Munis de plateformes, les acteurs des nouvelles mobilités « se sont imposés dans les rues, le quotidien des voyageurs, sans que l’on ne les voie arriver », a rappelé la program manager.

Le modèle de l’innovation numérique repose également sur les plateformes dites « d’usage ». Caroline Beauregard explique que celles-ci sont formées par « les briques technologiques qui se composent d’un ensemble d’interactions, entre ceux qui construisent les plateformes et ceux qui créent de la valeur dessus ». Elles visent à faciliter le développement des cas d’usage. Par exemple, Android, la plateforme d’OS mobile de Google, met à disposition SDK et codes sources, favorisant la création des applis et fonctionnalités mobiles. Dans ce cadre, la Fab Innovation considère que ce sont précisément ces briques qui permettront la mise en œuvre des nouvelles mobilités. C’est la raison pour laquelle les explorateurs ont passé au crible les différentes briques technologiques afin d’étudier leur valeur et potentialité pour les projets SNCF.

infographie briques technologiques nouvelles mobilités e.SNCF

Innover sur les briques technologiques

Pour les entreprises, les briques les aideront à acquérir une connaissance plus fine des mobilités – notamment via la donnée –, et ainsi faciliter l’organisation des services. C’est notamment le cas pour celles qui développent les applications de MaaS (l’utilisateur a besoin d’une seule application afin d’accéder à l’ensemble des offres de mobilité, multimodale et de bout en bout), comme l’assistant personnel de SNCF. La plateforme multimodale nationale représente aujourd’hui 3,9 millions de téléchargements et 2,7 millions d’utilisateurs mensuels.

Une étude publiée en juin 2018 par Kantar permet de constater que 85% des français utilisent plusieurs modes de transport au quotidien, et considèrent SNCF comme l’un des acteurs les plus légitimes à se lancer dans la plateforme MaaS (juste derrière les régions et les villes). Lors de la restitution, Marie-Laure Mallet, Responsable Marketing offre MaaS de l’assistant SNCF chez E-voyageur SNCF, a expliqué que l’entreprise est en train de « coconstruire les API avec les acteurs des nouvelles mobilités, pour permettre d’intégrer leurs services dans l’application, et ainsi créer une expérience client satisfaisante ». Par exemple, depuis le 18 juin 2019, l’application a intégré les services de VTC dans 42 villes en France. De plus, les utilisateurs d’Uber en Île-de-France pourront bientôt commander leurs courses directement dans l’application SNCF.

Les socles technologiques tel que le NFC et la signature électronique vont, eux aussi simplifier les gestes des utilisateurs et ainsi contribuer à enrichir l’expérience de voyage. Par exemple, une application MaaS va permettre à l’utilisateur de rechercher les itinéraires, effectuer l’achat ainsi que la validation du titre de transport. En ce qui concerne l’application SNCF, Marie-Laure Mallet a fait savoir que le paiement et la validation intégrés sont déjà une réalité pour les utilisateurs disposant d’un smartphone Android, depuis le 27 janvier 2020. Son équipe travaille désormais à étendre le service à la communauté iOS dans les mois à venir.

Enfin, les briques transverses comme la technologie du Big data et l’IA, ou encore la cartographie, vont permettre de diffuser les informations de mobilité de façon prédictive et dynamique, tant pour le transport des personnes que pour les marchandises. D’après Alexandre Hattab, consultant à la Fab Data et IA de ITNOVEM, depuis l’été 2019 les prévisions retard (retard potentiel, NDLR) des Transilien sont calculées 7 jours avant le départ, grâce au machine learning. Actuellement, les experts travaillant sur le projet cherchent toujours « à améliorer la qualité des données, à échanger les données entre les différentes entités de l’entreprise », a ajouté Héloïse Nonne, head of Data science & Engineering chez Fab Data & IA de e.SNCF. Le programme FIRST, lancé en 2018, vise à constituer une base de données unique pour informer les voyageurs. Xavier Krzyzanowski, directeur Information Voyageur & Supervision des Circulations TGV chez SNCF Voyages, prône quant à lui « toujours plus de fiabilité et réactivité ». « Lorsque le train est arrêté en pleine voie, nous sommes en mesure de donner les premières informations aux clients dans un délai maximum de dix minutes, mais nous nous efforçons de raccourcir le délai à cinq minutes, notamment en faisant des études de scénarios des événements ». Pour le fret, les équipes mènent une expérimentation pour prévenir leurs clients de l’heure d’arrivée des marchandises, car les pénalités liées au retard de livraison restent considérables. « Quand le train passe par un point kilométrique, une signature est créée pour informer les centres opérationnels d’un éventuel retard. En prenant en compte des informations des KM cumulées, nous pouvons donc anticiper le retard que le train pourrait avoir à la fin de parcours », a expliqué Vincent Chmielarski chez Fret SNCF. Ensemble, les différentes briques technologiques devront permettre d’intégrer plus facilement les nouvelles mobilités dans l’écosystème.

Ateliers, conférences, pitchs… Les « Explorations thématiques » sont une série de programmes conçue par la Fab Innovation de e.SNCF. Spécialisée dans la détection des nouvelles opportunités d’innovation, la Fab s’appuie sur ce dispositif afin de faire partager des REX, identifier des cibles d’investissement pour 574 Invest, lancer des projets concrets, et enfin se forger des convictions stratégiques et opérationnelles communes au sein de l’entreprise.

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