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Hackathon « Blockchain and the city », ou comment explorer les nouveaux usages en mode collaboratif

Du concept MaaS au data management, en passant par le smart charging, la confiance et la sécurité sont primordiales dans bien des cas d’usage. Demain, quel rôle va jouer la blockchain ? Le hackathon « Blockchain and the city challenge » qui s’est déroulé à la Ruche Industrielle (Vénissieux) vise à apporter quelques réponses.

Publié le

Par La Redaction

Hackathon blockchain in the city SNCF Lyon

À une quinzaine de minutes à pied de la gare de Vénissieux sur le boulevard Marcel Sembat en banlieue lyonnaise, quelques panneaux fixés à un portail métallique affichent le logo de Bosch. « Hi », un homme d’une vingtaine d’années s’adresse à une dame dans la cabine d’accueil, laissant une petite buée sur la vitre. « We are looking for La Ruche Industrielle », dit-il en soulevant ses épaules. Derrière lui, ses coéquipiers ont également l’air perdu. « Vous êtes au bon endroit », les rassure-t-elle. Cette ancienne usine de Bosch Rexroth héberge désormais les locaux de La Ruche Industrielle, où le hackathon « Blockchain and the city challenge » a eu lieu du 13 au 15 novembre 2019. La Ruche industrielle regroupe des grandes entreprises locales et nationales (SNCF / EDF/ Bosh /Renault Truck Volvo / Fives etc…) autour de l’innovation industrielle et l’Usine 4.0

Dans un ancien hall d’usine, l’événement a démarré avec une keynote d’Anoop Nannra, président et co-fondateur de la Trusted IoT Alliance. « Avec ce hackathon, nous souhaitons explorer les cas d’usage favorisant la décarbonation de la ville et de la mobilité », expliquait-il aux participants, en anglais. Une soixantaine de participants sont venus, et parmi eux, les étudiants et les startupers internationaux, mais aussi les experts venant des entreprises partenaires de l’événement, comme SNCF, EDF ou la Métropole du Grand Lyon.

Pour dresser un cadre et piloter au mieux la production durant le hackathon, Yohann Bourgault, directeur de mission blockchain chez SNCF et Gilles Deleuze, expert blockchain chez EDF ont quant à eux présenté les grandes familles des cas d’usage, comme le MaaS (mobility as a service), l’identité distribuée, le data management, ou encore le smart parking / charging.

Etalé sur trois jours, le programme était composé des phases d’idéation, de design, de programmation et de pitch final. Installées aux quatre coins du hall, dix équipes ont commencé à attaquer leur problématique de front.

Dessiner la ville du futur grâce à la blockchain

Certains sont venus avec une idée très précise. C’est le cas de l’équipe du projet MaaS One de SNCF. « Nous voulons assembler les services de transport personnalisé », a annoncé Emmanuel Gadenne, chef de projet blockchain chez SNCF qui conduit le travail de l’équipe MaaS One. Il voyait clairement comment exploiter la technologie : « une blockchain de consortium (une blockchain basée sur les règles de gouvernance définies par un consortium composé d’acteurs de mobilité, ndlr) pourra remettre la confiance dans l’écosystème de mobilité, et une règle d’enrôlement pour faire partie de ce consortium permettra à tous les nouveaux acteurs de devenir des partenaires ».

En effet, MaaS One imagine une nouvelle façon de voyager. L’utilisateur devra pouvoir utiliser n’importe quelle application de mobilité, qui est connectée au consortium MaaS grâce à une blockchain, afin d’obtenir une offre « porte à porte ».

Par ailleurs, cette solution permettra de créer un nouveau business model, tout en simplifiant la répartition de valeur entre les acteurs de mobilité. « Les apporteurs d’affaires aux autres acteurs du consortium, comme SNCF qui ramènera des clients pour les taxis, ou les services de VTC qui vendront les billets de train durant les courses, obtiendront une commission, et le système est décentralisé », projetait Emmanuel Gadenne.

Demain, une blockchain plus écologique ?

Alors que la plupart des équipes était en train de construire leur « stormboard » (un tableau permettant de centraliser les éléments de la problématique et les solutions techniques envisagées), l’équipe EDF avait déjà entamé la programmation d’un démonstrateur du smart charging. La solution consistait à ajouter des tokens (un actif numérique émis et échangeable sur une blockchain) sur de l’énergie renouvelable dès sa production, afin de garantir son intégrité de bout en bout.

Assis devant les fenêtres, son PC portable sur les genoux, Martin Di Rollo, le développeur blockchain d’EDF fixait les lignes de code qui défilaient à toute allure. « Evidemment, on est là pour travailler sur de vrais usecases et pas forcément sur de recherches fondamentales, et le plus intelligent c’est de s’inspirer des technologies qui marchent déjà », disait-il.

Cependant, son pragmatisme ne l’empêchait pas de mener une réflexion autour d’impacts environnementaux de certaines prouesses technologiques. « Dans la blockchain Bitcoin, par exemple, il faut faire du minage (vérifier la validité des transactions en faisant des calculs complexes, et cela en échange d’une récompense pécuniaire, ndlr) pour établir la confiance », ce qui lui pose un problème, car « on crame de l’énergie pour sécuriser ». Il prônait ainsi pour un basculement de proof of work, très consommateur d’énergie, vers un modèle de proof of authority ou proof of stake. Dans le cadre du hackathon, l’expert a choisi d’utiliser une blockchain privée d’Ethereum, mais celle d’Hyperledger est selon lui plus scalable, si dans l’avenir, la solution est amenée à être industrialisée.

Valoriser l’esprit entrepreneur

« Clairement, il y a ceux qui sont venus coder », affirmait Maxime Simon, sprint designer chez Nod-A qui était en charge de l’animation de l’événement, « du coup ils ne nous parlent pas beaucoup », et d’ajouter en souriant, « mais d’autres sont plus dans l’acculturation du format de hackathon ». Ceux-là avaient une grande appétence pour cette nouvelle méthode de travail : « ils apprécient cette ‘bulle’ que nous avons construite, parce qu’elle leur permet d’affranchir les process parfois lourds dans les grandes entreprises, et de pouvoir réaliser un projet rapidement », poursuivait l’animateur devant une affiche, qui récapitulait les besoins des équipes du hackathon : création de mock-up, de logo, de kit de communication… En matière de design, lui et ses collègues pouvaient en effet apporter de l’aide aux équipes.

Développer la culture entrepreneur, c’est aussi le but de l’événement, comme a souligné Bertrand Félix, co-fondateur de La Ruche Industrielle et responsable des projets et partenariats : « mener un hackathon permet de créer une vague d’énergie, pour faire avancer les choses plus vite ».

Entourée des partenaires comme Volvo Renault Trucks ou SNCF, La Ruche Industrielle veut booster l’industrie 4.0 en France, notamment en explorant les technologies de la blockchain et de l’IA. Ainsi, cet événement pourra accélérer les démarches communes des industriels, mais surtout créer des cas d’usage sur les territoires, car « sortir un projet, c’est l’unique but de faire un hackathon », résumait Bertrand Félix.

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